Par Valérie Darveau
L’auteure de ce texte est finissante au baccalauréat en journalisme à l’Université du Québec à Montréal
C’est l’été. Enfin.
L’orage violent de cette nuit m’aura volé quelques heures de sommeil, à vous aussi peut-être. Les premiers coups de tonnerre m’ont arraché quelques sursauts. Puis, en étoile sous les couvertures, j’attendais que ça passe, sursautant un peu moins à chaque grondement.
Hier soir, assemblée extraordinaire des membres de l’École de la Montagne Rouge sur un penthouse rue René-Lévesque. Hashtag la belle vie, qu’on s’est dit nous autres aussi.
On jasait de nos plans d’été personnels, de ce qui adviendrait de ce projet qu’on avait porté, parfois lourdement, pendant ces 16 semaines. On en est venu à un consensus général d’assèchement : à sec d’argent pour payer le loyer, à sec d’énergie pour certains, à sec de colère pour d’autres. Comme si tous les affronts subis dans les dernières semaines par les bouffons qu’on appelle de façon absurde un gouvernement nous avait tout tiré jusqu’à la dernière goutte : plus de rage, plus de découragement, juste un drôle de goût amer qui reste en bouche. On appelle ça le défaitisme, je crois.
Si on avait su dans quoi on s’embarquait.
La neige de février a fait place à la gadoue du mois de mars, puis aux faux espoirs d’avril, et aux lilas de mai.
Seize semaines, c’est ce que ça aura pris pour voir enfin les beaux jours arriver, les casseroles se sont faites tardives ce printemps. Elles sont finalement sorties, et c’est ce qu’on attendait : la chaleur, les jambes nues, les balcons, ce moment où la lutte deviendrait populaire, pour vrai.
Provoquer un orage pour finalement attendre que les coups de tonnerre passent en regardant le plafond, ou se remplir de l’électricité ambiante pour les faire gronder encore plus fort.
Faites gronder vos casseroles, les beaux jours arrivent.
2 comments
Lu says:
mai 29, 2012
Je voudrais juste dire que le mot « défaitisme » n’est pas le bon la belle Valérie. J’utiliserais plutôt, grande fatigue… Pour ma part, je vous vois passer le flambeau, je vous vois dans votre long bout de chemin avec le besoin de renflouer le compte de banque et le coeur et la créativité. Voilà la vie, le quotidien qui tire la couverte ! Je vous vois comme des battants qui ont besoin d’une bonne grande nuit de sommeil… une grande mais grande grande.
Un autre petit paragraphe pour vous dire toute mon admiration. On ne le fait pas assez souvent. Grande admiration pour ce grand chamboulement de vos vies, pour ce grand don, cette générosité si généreuse et ce réveil que le Québec porte maintenant à bout de bras, chacun son tour comme dit l’autre. La reconnaissance est longue de même ! Votre repos sera long de même aussi ! C’est une victoire…
Gardez le dos droit, le regard par en avant et le rêve bien vivant. Vous avez été des déclencheurs c’est pas moins que rien ma belle. Alors si on utilisait « courageux », « fonceurs », « initiatateurs »…. et y’en a bien d’autres… Sois fière d’aller te reposer… Sois fière d’aller ailleurs pour un temps, le temps de te refaire, le Québec aura besoin de toi et de tes collègues toute votre vie…
Se reposer, c’est une bonne chose… je le sais, ça doit être l’âge !
Clin d’oeil d’admiration grosse de même…
Lu
Réjean Gaudreau says:
mai 29, 2012
Bonjour Valérie,
Quel beau texte ! Sensible, nuancé, tout en subtilités.
Je comprends que vous soyez vidé-e-s après l’admirable boulot accompli; travail de défricheurs, de l’Avant-garde. Toujours extrêmement exigeant mais assurément valorisant quand, dans quelques années, vous revisiterez l’oeuvre avec le net sentiment d’avoir ouvert de nouvelles voies.
Pour vous remonter, je vous suggère un texte véritablement hors de l’ordinaire d’un grand philosophe qui vit ici à Montréal, presqu’inconnu, comme la plupart des grands philosophes, Loty Malebranche.
http://intellection.over-blog.com/article-impopularite-minorite-solitude-le-pugnace-triplet-de-l-esprit-libre-105802388.html
Bonne lecture ! Regain d’énergie ! L’avenir immédiat de notre collectivité a besoin de vous !
Réjean