Par Valérie Darveau
L’auteure de ce texte est finissante au baccalauréat en journalisme à l’UQAM
Vers les onze heures ce matin, la sonnerie stridente et franchement désagréable de mon téléphone avec-fil transperce la semi-quiétude de mon appartement. Au bout du fil, la voix visiblement agacé de mon paternel :
- T’es pas allée bloquer le pont ce matin toujours?
- Non Papa…
Ce matin à l’aube, des étudiants ont bloqué le Pont Champlain. Encore.
La dernière fois, c’était le 23 février dernier, à l’issue de la première manifestation nationale à Montréal qui s’était déroulée de façon pacifique, exemplaire. En écoutant les nouvelles de retour à la maison, je ne contenais pas ma frustration envers cette bande de sans génie qui avait complètement fait dévier la couverture médiatique de l’évènement principal. La grappe d’étudiants qui dilapidaient des niaiseries en boucle sur les grandes chaines ce soir-là n’aidaient pas non plus à rallier le capital sympathie des Monsieur-Madame coincés chacun dans leur voiture en pleine heure de pointe.
Et oui c’est vrai, peut-être y avait-il dans cette masse d’automobilistes quelqu’un qui avait un rendez-vous important. Et oui c’est vrai, peut-être que Jonas a dû attendre sa maman au service de garde passé 18h00. Et oui c’est vrai, peut-être que quelqu’un devait se rendre rapidement à l’hôpital ce jour-là.
Le 23 février dernier, à peine quelques jours après les premiers déclenchements de grève générale illimitée, j’ai moi-même trouvé que les étudiants avaient exagéré en allant bloquer le pont Jacques-Cartier. J’avais l’impression que tous nos efforts de faire de la manifestation nationale une réussite avaient été noyés par ce groupuscule d’étudiants.
Mais pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, cela fait maintenant plus de six semaines que nous sommes en grève, ou boycott, appelez cela comme vous le souhaitez. Aujourd’hui, cela fait plus de six semaines que nous multiplions les marches, manifestations, que nous organisons des évènements tous plus originaux les uns que les autres, que nous nous fendons en quatre pour trouver LA façon de protester contre la hausse des frais de scolarité, tout en restant pacifiques, pas trop dérangeants.
Un groupe d’étudiants a marché Montréal-Québec en une semaine, on leur a dit que ce qu’ils faisaient ne servait à rien, que c’était du pelletage de nuage. Quelques individus ont décidé de sauter la clôture devant l’Assemblée nationale lors de la manifestation à Québec, on nous a dit qu’ils avaient mis en jeu la sécurité des policiers et que les poivres et les gaz étaient justifiés.
On nous traite d’irresponsables, on nous tare de commettre des gestes «violents», mais on justifie à grand coup de «protection du citoyen» les coups de matraque, les bombes assourdissantes, les arrestations, les insultes.
On parle des étudiants comme s’ils étaient une classe à part, un groupe d’illuminés idéalistes dont la petite crise de nerfs se calmera une fois qu’ils auront vraiment compris le cout de la vie, qu’ils seront devenus de «vrais citoyens». Nous sommes les citoyens d’aujourd’hui et de demain. Nous achetons, nous votons, nous payons un loyer, nos études. Nous serons ceux qui payerons lorsque les baby-boomers seront en CHSLD et auront besoin de soins.
Nous sommes une génération remplie d’espoirs, de rêves, d’idéalisme. Le cynisme de nos parents nous aura peut-être servi de contre exemple. Nous regardons le Québec d’aujourd’hui en ayant qu’une seule envie, le brasser jusqu’à ce qu’il explose.
Cela fait donc six semaines que nous marchons dans les rues, que nous crions, que nous chantons, que nous créons, que nous tentons de créer un dialogue.
On nous répond de façon catégorique : non, on ne veut pas vous parler. On nous rit au visage, on nous joue en boucle la «juste part», on diminue l’impact de notre mouvement, on inflige nos actions du mot «violence».
Bloquer un pont n’est pas une action violente, loin de là. Bloquer un pont, ça s’appelle de la désobéissance civile. Parce qu’on est rendu là. Parce que ça fait six semaines qu’on tente de se faire entendre, parce que pelleter des nuages ne suffit vraisemblablement pas.
29 comments
Jordan Raymond says:
mar 20, 2012
C’est bien dit. Bravo.
Gallant VIanney says:
mar 20, 2012
Vous n’êtes plus seuls, loin de là!
Martin Leblanc says:
mar 20, 2012
J’aime!
Christian O'Brien says:
mar 20, 2012
Exact! On tente de marginaliser les étudiants comme s’ils étaient un groupe statique, une classe soi-disant à part, en marge de la société… Quelle absurdité! En refusant de donner de la crédibilité au mouvement de protestation, cest le gouvernement lui-même qui doit dire adieu, un peu plus à chaque jour, à sa crédibilité, déjà grandement essouflée…
J. Beaudoin says:
mar 20, 2012
Désolée mais ce n’est pas en blocquant les ponts et en echoeurant les gens qui travaillent en ville et qui en ont déjà ras-le-bol des problèmes de circulation que vous allez augmenter votre capital de sympathie. Vraiment dommage cet évènement de ce matin. Ça annule complètement ce que vous auriez gagné avec votre manifestation du 22. Je vous appuie mais il y a des limites. Après l’interview de la ministre de dimanche dernier à TLMP il est clair que c’est pour elle un conflit personnel avec le dirigeant du mouvement étudiant et qu’elle a décidé de le faire céder. Vous,les étudiants, peut-être que vous auriez intéret à chercher un autre porte parole si vous voulez gagner qq chose.
M. Chouinard says:
mar 20, 2012
Le « dirigeant du mouvement étudiant » comme vous dites est le porte-parole d’une des grandes associations étudiantes. Étant porte-parole, il ne ferait même pas partie du comité de négociation avec la ministre.
Je ne sais pas ce que l’on gagnera à la manifestation du 22, mais peut-être devriez-vous repenser à la manière dont vous ‘nous’ voyez. Nous sommes des étudiant.e.s, oui, mais nous défendons l’avenir de tous nos enfants. Les miens, les vôtres, les leurs. Comme le dit si bien l’auteure, ‘nous’ sommes des citoyen.ne.s à part entière et ‘nous’ vous demandons de ‘nous’ joindre dans cette lutte, qui devrait être aussi la ‘vôtre’.
F. Bibeau says:
mar 20, 2012
Toujours plaisant de voir les banlieusards se plaindre de la circulation quand ils sont eux-même la cause du problème.
G. Vachon says:
mar 21, 2012
J.Beaudoin,
Je trouve très désolant de lire votre commentaire qui, je l’espère, ne sera pas partagé par plusieurs. Vous dites: « Je vous appuie mais il y a des limites ». Si un évènement, certes dérangeant, comme le blocage d’un pont semble ébranler votre appui à l’accessibilité des études postsecondaires,je crois qu’il serait temps de réfléchir sur vos raisons de fond qui motivaient votre appui. Je ne peux qu’espérer que vous réaliserez que l’éducation et son accessibilité sont des enjeux plus grands, beaucoup plus grands, que la circulation sur un pont et surtout sur l’effet que cela peut avoir sur des individus dans leur quotidien. J’ajouterais aussi que l’attitude de la ministre, réfractaire au dialogue pour des raisons personnelles, n’est qu’une ligne politique pour masquer son manque de volonté. D’autant plus que Gabriel Nadeau-Dubois N’EST PAS sur le comité de négociation de la CLASSE, il ne serait donc pas présent à la table de négociation. En plus de déraisonnablement réduire un problème de société à un conflit personnel, la ministre Beauchamp a tout simplement désinformé la population lors de la dernière émission de TLMEP.
« Mais je dis que c’est bien peu payer, ça, quelques heures même dans un bouchon de circulation pour s’assurer que l’avenir de nos jeunes n’est pas bouché. Boucher un pont pour débloquer l’avenir de nos jeunes et de notre société pour garantir à notre société le meilleur. On n’a pas à se contenter du peu que veulent nous offrir les gouvernements actuels. Ce qu’on souhaite, c’est un avenir débloqué. Donc, pour ça, si on est perturbés dans nos vies, moi, j’estime que c’est bien peu payer. »
Amir Kadir, Go! La cause est bonne…
Publié le 29 février 2012.
xavier ovando says:
mar 21, 2012
Viens manifester et aide a changer ce gouvernement!! grève générale citoyenne!! nous on veut d e la démocratie pas une entreprise privée qui s’appellerait Québec et qui ne compterait plus de citoyens sinon des employés sans aucune sécurité .. il me semble qu’un état est censé gérer pour les citoyens! PAS SEULEMENT LES CORPORATIONS!
Maintenant, si la ministre avait plus de maturité politique elle négocierait avec les représentants dument élus du corps étudiant! Ce qu’elle fait c’est d’une immaturité qui exacerbes les tensions!
« cette décision de budget est irrévocable » c’est sur, car c’est leur dernier et doivent graisser la patte de tout leurs « ti namis » et c’est encore nous qui allons payer.
Ce dont on a besoin ce n’est pas de la sympathie, ce dont le Québec a besoin c ce que les étudiant démontrent… du courage et de la solidarité!!
Vive les étudiants!!
Pierre says:
mar 21, 2012
Je crois que le « supposé » conflit personnel n’est que prétexte afin de discréditer le mouvement étudiant et faire glisser le débat ailleurs. Ce n’est pas à la ministre de choisir ses vis à vis.
Marie-Chantal Leclair says:
mar 20, 2012
Bon courage, les jeunes étudiants sont très inspirants. On est nombreux à vous appuyer.
Un parent qui vient à peine de finir de payer ses prêts et bourses et qui a un fils qui s’apprête à entrer à l’université…
Nico says:
mar 20, 2012
Honnetement, étant moi-même un étudiant pour la hausse, je trouvais que les évenements du pont champlain etaient déplacer. En réalité, ton point de vue ma fait changer d’idée puisqu’aprés 6 semaines il est vrai que le gouvernement se doit d’être ouvert. On veut négocier et il nous refuse se droit tout en banalisant le mouvement étudiants.
Plusieurs penses que nous somme égoiste dans ce mouvement, mais sachez qu’en réalité, on ne fait pas ça pour nous mais bien pour les futures générations d’étudiants.
Trés beau texte !
Michèle Bonmati says:
mar 20, 2012
Quel texte et quelle belle lucidité! Non, vous n’êtes pas une classe à part, vous êtes notre présent et notre avenir. Continuez votre lutte, nous sommes à vos cotés.
Lu says:
mar 20, 2012
Bravo Valérie, tu utilises le « nous »… ça me plaît !…. Ça me plaît beaucoup ! Les autres… utilise le « Je » en « vert » et contre tous !!! Lu
Danny Murphy says:
mar 20, 2012
Je ne comprends vraiment pas comment quelqu’un peut commencer son article par:<>
Et finir par : <>
C’est moi ou cela n’a pas d’allure
G Germain says:
mar 20, 2012
Fais publier cet article dans un journal, Le Voir, ou autre tribune. Il doit être lu par le plus de gens possible. Le journal Le Métro ou le 24H qui sont gratuit, pourquoi pas.
Je vous lève mon chapeau. Moi aussi j’ai trouvé un peu fort le Pont Jacques Cartier. Mais après 6 semaines, mes 44 ans endormis se réveillent et je ne suis pas la seule!
Tu rallumes en moi les rêves d’une meilleure société que j’avais à mes 20 ans. Le gouvernement est aveugle et sourd et vous traite comme des enfants de 2 ans en pleine crise de temper tantrum! Et les frais de scolarité ne sont qu’une partie de ce qui ne fonctionne plus au Québec. Il faut s’allumer. Et vous nous montrez la persévérance dans l’action pacifique. Bravo! Ne nous laissons pas endormir…
Et merci pour ton article.
JeePee says:
mar 20, 2012
Très beau texte. Il fait réfléchir. Vous avez raison et j’en conclus que notre droit de vote ne vaut plus grand chose. Avec les décisions du gouvernement il nous faut se rebeller, mais surtout déranger la machine gouvernementale et pas s’écoeurer entre citoyen. Je comprend votre mouvement, mais vous voulez vous faire entendre par M. Charest et là vos technique sont peut-être mal choisi car ça ne l’atteint pas. Continuons, collectivement à réfléchir sur la façon de déranger les bonnes personnes. Comment pourrions-nous ne plus payer nos impôts? Nous aussi on peut couper à la source…
Albert K says:
mar 20, 2012
Correction : les baby-boomers n’iront pas en CHSLD.
Les baby-boomers vont se pousser, vivre en communes, tout, mais pas les CHSLD.
Ce sera déjà ça d’économisé.
gaston says:
mar 21, 2012
Continuez de pas dénoncer ces actions. Vous allez perdre le peu d’appui qu’il vous reste dans la population.
Bravo.
Grisé yolande says:
mar 21, 2012
D’abord je suis une baby-boomer qui n’aura probablement pas la chance de bénéficier des soins du CHSLD ( pour ce qu’ils ont de bons ,compte tenu des soins que l’on donne à nos ainés )Ceci dit, je suis entièrement d’accord avec les propos de votre texte. Les manifestations pacifiques sont perçues par la population, comme gentilles et non dérangeantes, elles sont tolérées dans la mesure ou elles n’entravent pas les habitudes de la population. Je ne connais aucune manifestation qui n’a pas, d’une façon ou d’une autre, dérangée ou menacée le quotidien et la quiétude des citoyens, que l’on parle de grèves générales, tournantes ciblées…etc. De plus, le débat ce situe à un niveau plus important encore, quels sont les moyens entrepris pour contrer la violence des policiers, la juste répartition des richesses, l’équité des revenus, l’abolition des primes de rendement, la coalition dans certains milieux que je ne nommerai pas, la mauvaise gestion des revenus provenant en partie de la classe moyenne ( surtaxée à outrance). Je suis de ces citoyens qui en ont ras le bol des iniquités sociales, des parti-pris pro-élites, de l’utilisation du baillon pour voter des lois qui ne visent que l’intérêt de certains. Bref, un ras le bol qui je l’espère aura un écho auprès de la population. Regardez ce qui ce passe avec Aveos, Air Canada, Bell….Bon sang réveillons-nous! et encourageons ceux qui osent le crier tout haut.
Yolaine says:
mar 21, 2012
De toute façon, ne faites pas d’idée…si jamais le gouvernement se ravisait et que vous ne subissiez pas l’augmentation des frais de scolarité…vous subirez une hausse d’impôts!!! Dans mon jargon personnel, on appelle ça pelleter le problème en avant…
Tom Lebiecki says:
mar 21, 2012
Its is beautiful.
I do not agree with every tactic used thus far but I am seeing more students making credible arguments and demanding answers from your democracy. Get involved SEE both sides, find and offer solutions, demand accountability from those who represent you.
I am from the USA but spend a lot of time in Montreal because I love this spirit of this city. It is hard for many of us to understand the concern when our schools are so EXPENSIVE…. but on the other HAND and TRUST me on this: YOU DON’T WANT to TURN into the USA (despite the efforts of your PM).
Do your homework, try to remain civil but…..
Keep up the good fight!! Bonne Chance!!
Sam says:
mar 21, 2012
Bloquer le pont Jacques Cartier n’est peut-être pas la meilleure façon d’aller chercher l’appui de la population mais c’est une preuve indéniable que la hausse des frais de scolarité n’est pas prise à la légère pour les jeunes. C’est dommage de voir que les étudiants doivent insister à ce point, afin d’avoir un dialogue entre le gouvernement et je penses, rendu à cette 6e semaine de grève et de manifestations, qu’ils n’ont plus le choix et que la seule façon d’établir un contact avec le premier ministre est de le déranger sévèrement.
Marie says:
mar 21, 2012
On peut pas appeler « ça » comme on veut. Une grève est un arrêt de travail, pas un arrêt des études. Les mots servent à quelque chose, non?
Que je sois pour la hausse ou contre la hausse, peu importe. Je suis totalement contre les actions stupides telles que bloquer un pont. Jonas qui attendra sa maman 1 heure à la garderie, vous y avez penser, à Jonas? Aux frais encourus par ladite maman? Les patients qui ont manqué un rendez-vous à l’hôpital attendu depuis des mois, la future maman qui a des contractions dans l’auto sans pouvoir bouger de là, les camionneurs qui attendent coincés comme des dindes et toutes les autres situations qui ne sont pas de la petite bière quand même? Ben oui, il y en a, des bouchons de circulation au quotidien. Ils ont besoin d’en rajouter, les étudiants cagoulés? Tannée des épais qui se croient tout permis parce qu’ils veulent faire passer un message.
Si encore ils s’assumaient et qu’ils le faisaient à visage découvert…
Marie-Claude says:
mar 21, 2012
Bonjour Marie, je n’ai pu m’empêcher de répondre à ton message. Je ne tiens pas à débattre avec quelqu’un qui imagine les pires situations pour nous faire « sentir coupable » de nous rabattre sur les moyens qui, quoique plus dérangeant, ont malheureusement le plus d’impact.
Je tenais simplement à te faire parvenir cette définition du mot: Solidarité.
Cessation volontaire et collective du travail par des salariés afin de défendre des intérêts communs. Droit de grève. Grève licite, illicite. Grève illimitée. Un ordre de grève. Journée, mouvement de grève. Usine en grève. Faire la grève. Soutenir une grève. Briseur de grève.
Arrêt volontaire d’une activité par une personne, un groupe qui veut attirer l’attention sur une situation, sur ses revendications. Une grève de la faim. Une grève de l’impôt. Grève des étudiants, des détenus. Grève de solidarité.
Je n’ai pas inventé cette définition, donc… la prochaine fois, avant de prétendre que la grève est un droit que seul les travailleurs possèdent, il serait préférable de vous renseigner. Je n’ai rien contre les gens qui ne nous appuient pas, mais encore faut-il qu’il est des arguments véridiques.
Marie says:
mar 21, 2012
D’accord, mes excuses côté définition.
Cela dit, qui dit que je ne « vous » appuie pas? Quoique l’idée de ne jamais hausser les frais de scolarité m’inquiète grandement côté qualité de l’éducation, m’enfin.
L’idée n’est pas de vous faire sentir coupable, loin de là, mais de souligner qu’il y a des situations qui peuvent être lourdes de conséquence pour certains. La solidarité, comme vous dites, ne signifie pas que les gens sont prêts à subir les conséquences d’un acte de désobéissance civile. Pas jojo pour tout le monde, la solidarité, faudrait juste pas l’oublier.
D’une professionnelle qui a étudié et payé des frais de scolarité, qui étudie encore et qui paie encore des frais de scolarité, et maman de cinq futurs étudiants qui me coûteront un bras et une jambe s’ils décident tous de poursuivre des études universitaire
.
Mathieu Potvin says:
mar 21, 2012
Étant étudiant à la grève de 2005, j’étais pour le dégel des frais. J’étais en technique et je devais travailler pour survivre et ce le plus rapidement possible.
Aujourd’hui, diplômé et endetté, devant des milliers de dollars en impôts à cause de règles comptables farfelus de l’agence du revenue, j’ai décidément changé ma vision des choses. Je suis contre la hausse, mais surtout pour la gratuité scolaire.
Pourquoi? Tous simplement parce que je me rend compte aujourd’hui que m’endetter pour étudier était la pire erreur à commettre. Je n’arrive pas à rembourser toutes les dettes privés qui en ont découlé, car le programme de prêt et bourses est inefficace. Dans mon programme, j’avais besoin de matériel dispendieux qui a l’air d’être un luxe au yeux de certain: laptop, caméra, ordinateurs. Ça m’as en fin de compte coûté tellement cher au CEGEP que j’ai dû renoncer à l’université.
Aujourd’hui, je ne fais qu’une fraction du salaire promis par cette formation et je n’ai pas amélioré mon sort. Ne mordez pas à l’argument du « juste prix » et de « l’investissement dans votre avenir ». C’est de la foutaise.
Patrek says:
mar 21, 2012
Texte intéressant.
Concernant la phrase suivante « Nous serons ceux qui payerons lorsque les baby-boomers seront en CHSLD et auront besoin de soins. », il n’y a pas juste la notion de « payer pour », mais aussi la notion qu’il faut des individus avec la formation adéquate pour effectuer ces tâches. Ceux qui rejettent les revendications des autres oublient qu’ils auront probablement besoin de ces mêmes personnes plus tard.
Nathalie says:
mar 22, 2012
Je dois sincèrement avouer que je commence à être très dérangée par tout ce que je vois et entends depuis ces 6 semaines de refus/révolte de la part des étudiants. Je me demande si les étudiants qui devront reprendre leur session manquée ont calculé combien elle coutera cette reprise… Est-ce que les étudiants qui ont un stationnement à payer (donc une auto et les frais exorbitants qui s’y rattachent) au Cegep ou à l’université ont choisi de se déplacer en transports en commun afin de diminuer leurs dépenses annuelles ? Est-ce que les étudiants qui ont le méga forfait de cellulaire ont révisé leurs besoins réels afin de diminuer leur facture ? Est-ce que les étudiants qui font vivre le Starbuck au coin de chez nous se demandent s’ils pourraient peut-être prendre leur Latté à la maison ? Est-ce que les nombreux étudiants québécois que j’ai vu sur la plage à Cuba il y a deux semaines sont dans la rue en train de se plaindre de la hausse ? J’espère sincèrement que non… Considérations très minimalistes me direz-vous… Mais quand on a un budget serré on vit en conséquences non ? Et dites-moi: les impôts que je paie depuis plus de 28 ans ne servent-ils pas déjà à financer une partie de vos études ? C’est bien beau de blâmer le gouvernement, mais le puit du gouvernement c’est moi et tous ceux qui se lèvent le matin pour aller travailler. S’il avait fallu que nous déclenchions une grève à chaque année où nos augmentations de salaire ne rencontraient pas la hausse du coût de la vie la société serait en constante revendication, non ?
Je suis sans voix de penser qu’au cours des dernières semaines mes taxes municipales ont servi à payer le temps supplémentaires des policiers pour vos marches et revendications. Ma ville a d’autres priorités vous savez. Vous ne voulez pas payer $325 par année de plus mais en attendant qui paie pendant que vous n’êtes pas sur les bancs d’école ?
Etudier est un privilège à mon avis et non un droit acquis. Oui vous êtes notre relève, mais vous partez au front pour $27.08 par mois… Que se passera-t-il lorsque j’aurai besoin de vous à ma retraite. Serez-vous dehors à revendiquer encore et je serai laissée à moi-même ?
Vous travaillez fort à vous faire entendre et je vous dis BRAVO. Mais n’oubliez pas que toutes ces démarches ont un impact direct sur la population. Est-ce vraiment le but ?